
Les importations d’énergie ne cessent d’augmenter. La rénovation thermique des bâtiments et les politiques d’économies d’énergie sont à la traîne. Pour accélérer le mouvement, la Commission européenne et le Parlement de Strasbourg se sont mis d’accord sur des objectifs un peu plus contraignants. Une directive que certains États, dont la France, tentent à tout prix de saboter. La nouvelle ministre de l’Écologie, Nicole Bricq, osera-t-elle rompre avec l’action de ses prédécesseurs ? Il lui reste un mois pour inverser la tendance.
(...) Parmi les contraintes : l’exigence de rénovation de 2,5 % des bâtiments publics, et l’obligation pour les entreprises énergétiques de s’imposer 1,5 % d’économies d’énergie par an. (...)
Pour être effectifs, ces objectifs obligatoires doivent être acceptés par le Conseil de l’Europe, composé des ministres des 27 États-membres... Qui font tout pour saboter la directive. Avec, en tête de fronde : La France. Avant l’élection présidentielle, Éric Besson, seul à la barre après le départ de Nathalie Kosciusko-Morizet pour la campagne de Nicolas Sarkozy, et les fonctionnaires de la Direction générale de l’énergie et du climat (DGEC) ont défendu avec beaucoup de zèle les intérêts des grands lobbies de l’énergie. Nucléaire en tête
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Inquiètes, des associations françaises sont montées au créneau. Elles ont interpelé le gouvernement dans un communiqué commun, expliquant que l’efficacité énergétique « est une source majeure de création de valeur économique et d’emplois non délocalisables. Elle permettra aux consommateurs, dont le rôle est central, de ne pas subir la hausse endémique du coût de l’énergie en maitrisant leur consommation. Elle permettra enfin de résorber structurellement la précarité énergétique dont l’urgence de traitement a été largement soulignée par le dernier bilan du médiateur de l’énergie ».
La Confédération européenne des syndicats (CES) a elle aussi manifesté son inquiétude. (...)
La Commission elle-même, peu réputée pour son militantisme écologique, s’est alarmée de ce recul général des ambitions européennes.
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La présidence danoise, qui a la délicate mission de mener les négociations, prévoit d’aboutir à un texte d’ici fin juin. Qu’en pense la nouvelle ministre française de l’Écologie, Nicole Bricq ? Il est « encore trop tôt pour communiquer sur la feuille de route des négociations », répond-on au ministère, où le dossier est cependant « une priorité », assure-t-on.
Rendez-vous fin juin pour savoir si la priorité est celle d’une réduction réelle de la production et de la consommation d’énergie, ou celle d’une défense d’intérêts économiques partiellement privés.