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Basta !
Quelqu’un a-t-il aperçu un ministre de gauche au gouvernement ?
Article mis en ligne le 12 novembre 2012

Six mois se sont écoulés depuis la défaite électorale du sarkozysme. D’un côté, salariés et citoyens engagés se démènent face à la crise, aux licenciements, au mal logement, aux impératifs écologiques, à la xénophobie montante, et esquissent des solutions. De l’autre, le nouveau gouvernement semble déjà à bout de souffle, incapable de vision à long terme.

Voilà presque cinq mois qu’une majorité de gauche a été élue dans notre pays. Cinq mois, c’est à la fois court et long.

Cinq mois au chômage, c’est long. Cinq mois au RSA, c’est encore plus long. Cinq mois à vivre et travailler dans l’expectative d’un plan social ou face à la fermeture programmée de son usine. Cinq mois à se débattre avec ses dépenses, ses priorités – aller chez le dentiste, inviter des amis à dîner ou inscrire la plus grande au cours de danse ? –, quand il manque 200 ou 300 euros pour boucler le budget familial mensuel. Cinq mois à attendre, dans un hôtel meublé, un logement un minimum convenable [1]. Cinq mois à survivre, comme deux millions de personnes, avec l’équivalent de 645 euros pas mois.

Cinq mois à bosser, avec ses collègues, à un projet de coopérative pour sauver la boîte et ses emplois, lâchés par un investisseur trop gourmand. Cinq mois à se débattre, au bureau ou sur sa chaîne de production, avec des objectifs intenables imposés par un management déconnecté. (...)

Pour un gouvernement, cinq mois, c’est court, trop court. Cinq mois à démentir le midi, ce que l’on a esquissé le matin (mettre en débat la suppression des 35h par exemple). Cinq mois à se demander comment faire payer une dette à une population qui ne l’a pas contractée. Cinq mois à élaborer un projet de loi, sur le logement social ou la précarité énergétique, qui sera recalé au Parlement – faute d’avoir écouté ses partenaires à gauche – ou censuré par le Conseil constitutionnel – faute d’avoir respecté la procédure parlementaire.

Cinq mois à se demander le matin si l’on twittera ou l’on ne twittera pas sur telle ou telle stérile polémique. Cinq mois à envoyer des médiateurs ici, des auditeurs là, qui rédigeront des rapports qu’on ne lira pas. Cinq mois à batailler avec tel collègue ministre pour savoir qui communiquera à quel moment. Cinq mois à commenter le commentaire sur la petite phrase du voisin. Cinq mois à consulter pour finalement ne contenter que des intérêts particuliers. Cinq mois, ou presque, à attendre un rapport qui ne propose rien d’autre que ce que s’évertue à mettre en œuvre le patronat depuis trois décennies. (...)

En attendant, celles et ceux qui trouvent le temps long commencent à se réveiller : journée d’action européenne contre l’austérité le 14 novembre, soutenue en France – c’est une surprise – par la plupart des syndicats ; manifestation de réoccupation de Notre-Dame-des-Landes le 17 novembre, où le coûteux projet d’un nouvel aéroport illustre parfaitement la vision à contretemps qui domine à Matignon (baisse du trafic aérien intérieur conjugué à la baisse du pouvoir d’achat conjugué au pic pétrolier…) ; manifestation des chômeurs et précaires le 1er décembre, dans un contexte où le nombre de sans emplois dépasse les 3 millions de personnes en France, et s’approche des 20 millions dans la zone euro. (...)