Rien ne va plus en Bretagne, en tous cas chez les journalistes bretons, qui dans une lettre ouverte sans précédent au président de la région Bretagne, dénoncent les intimidations, les auto-censures, les censures en provenance de la profession agricole en général et plus particulièrement sur le sujet de la pollution aux algues vertes.
L’information bretonne doit-elle s’émanciper, va-t-elle s’émanciper ? Questions posées à nos deux invités : Philippe Gaillard, ancien rédacteur en chef de la rubrique agricole de Ouest-France ; et Morgan Large, journaliste à la radio locale bilingue RKB et conseillère municipale d’opposition à Glomel (Côtes d’Armor).
Le 25 mai dernier, des journalistes publient une lettre ouverte au président de la région Loïg Chesnais-Girard pour dénoncer des pratiques d’intimidations, d’auto-censure et de censure de journalistes qui travaillent sur le milieu de l’agroalimentaire en Bretagne.
La lettre fait suite à une tribune publiée le 8 mai par un collectif citoyen en soutien à la journaliste Inès Léraud, poursuivie pour diffamation pour plusieurs de ses enquêtes, dont l’une sur l’omerta entourant la dangerosité des algues vertes (Léraud est co-autrice de
Morgan Large raconte comment en 2015, alors que l’affaire des algues vertes est "froide", Inès Léraud appelle la préfecture des Côtes d’Armor et se fait en retour menacer de diffamation. la BD parue à l’été 2019 "Algues vertes, l’histoire interdite") (...)
Léraud est également poursuivie pour diffamation par Jean Chéritel, grossiste de fruits et légumes. (...)
La mainmise de l’agroalimentaire sur l’argent public (...)
La journaliste de RKB évoque elle l’agence de communication "Agriculteurs de Bretagne" qui a rencontré les rédactions locales en 2012 et a ""demandé aux rédactions d’arrêter de faire des sujets critiques sur l’agriculture et de faire plutôt des beaux portraits d’agriculteurs"". Des ""officines"" qui ont existé de tout temps, explique l’ancien chef de service de "Ouest-France". (...)
La journaliste de RKB a constaté au fil des années une ""uniformisation du discours des agriculteurs"", à coups d’éléments de langage distribués par les syndicats agricoles. ""Aujourd’hui, la profession a complètement bloqué la parole"", regrette Gaillard. ""On a laissé la parole agricole à la presse agricole spécialisée, où il y a une porosité énorme entre journalisme et communication"", abonde Large. Ce qui explique pour elle que ""le monde agricole ne comprend pas qu’on puisse émettre une parole critique envers l’agriculture"". (...)
On termine l’émission avec la chronique de Laélia Véron qui revient sur la notion de ""parole empêchée" "et du vocabulaire lié à la mafia (""famille""," "chantage""," "menace", "prudence"").
Pour compléter cette émission, l’interview du président de la région Bretagne, Loïg Chesnais-Girard par Emmanuelle Walter (...)