Une jeune Syrienne de 10 ans était dans son école de Naumbourg, dans l’est de l’Allemagne, lorsque la police est venue la chercher pour l’expulser avec sa famille. "Aller chercher des élèves dans les écoles pour les expulser n’est pas illégal", a estimé Götz Ulrich responsable de district et membre du parti conservateur CDU. Mais l’indignation suscitée par l’affaire a poussé les autorités locales à ouvrir une enquête.
L’incident remonte au 12 mai dernier. Une jeune réfugiée syrienne de 10 ans a dû quitter son cours d’éducation physique dans une école de Naumbourg, dans l’est de l’Allemagne. La police était venue la chercher. Ses deux frères, âgés de 12 et 14 ans, ont également été escortés hors de l’établissement scolaire.
Leur famille de sept personnes - parents et enfants - doit être expulsée. Tous ont été conduits à l’aéroport. Face à la résistance de la famille, le pilote a toutefois refusé l’embarquement.
La famille avait fui la Syrie et vécu en Bulgarie pendant deux ans avant d’arriver en Allemagne. Elle devait être expulsée vers la Bulgarie après l’échec d’un recours en justice.
"Dans tous les cas, les expulsions ne devraient pas être menées dans les écoles ou des centres d’accueil, car cela a de graves conséquences pour l’enfant concerné", estime Stefanie Mürbe, du Conseil des réfugiés de Saxe-Anhalt, au média public MDR. (...)
L’avenir incertain des Syriens en Allemagne
Lorsque la guerre civile syrienne a éclaté en 2011, des millions de Syriens ont fui, la plupart vers les pays voisins comme la Turquie, le Liban, la Jordanie, l’Irak et l’Égypte. En Europe, l’Allemagne a accueilli la plus grande part de réfugiés syriens, soit près d’un million de personnes, ce qui en fait l’un des plus importants groupes de migrants dans le pays. (...)
Les écoles, zones de stabilité
Bien qu’il n’existe actuellement aucune politique à l’échelle de l’Union européenne (UE) désignant les écoles comme des sanctuaires protégées contre les opérations d’expulsion, l’accès à l’éducation et l’obligation d’aller à l’école s’appliquent à tous les enfants en Allemagne, quel que soit leur statut administratif. (...)
Plusieurs études témoignent de la difficulté des enfants et adolescents réfugiés à s’intégrer dans le système éducatif allemand.
Selon une étude de 2022 publiée dans le journal scientifique Science Direct, les adolescents réfugiés présentent un risque accru de souffrir de problèmes de santé mentale. La barrière de la langue, les problèmes juridiques et l’insuffisance des soins de santé mentale adaptés aux besoins des réfugiés augmentent cette vulnérabilité.
Or, l’étude publiée dans Science Direct estime que le système scolaire allemand actuel, dont les "lacunes structurelles sont enracinées dans la ségrégation et la discrimination historiques, ne dispose pas des ressources nécessaires pour répondre correctement aux besoins des élèves issus de l’immigration".
Une autre étude menée par l’Institut Leibniz pour les trajectoires éducatives et financée par le ministère allemand de l’Education a suivi plus de 4 800 enfants et jeunes issus de l’immigration. Elle a révélé qu’en moyenne, la scolarité de la plupart des personnes interrogées a été interrompue pendant plus d’un an, que ce soit avant, pendant ou après avoir quitté leur pays.