
En trois mois, seulement 127 mineurs isolés ont été transférés des Canaries vers la péninsule espagnole, dans le cadre d’un accord sur la répartition des jeunes non accompagnés signé en mars. Le président de l’archipel, Fernando Clavijo, accuse l’État de "désobéissance manifeste" dans l’application de la loi.
Début juin, deux mois après un premier avertissement, la Cour suprême avait adressé un ultimatum à l’État sur les délais de prise en charge des demandes d’asiles des 5 500 mineurs présents dans l’archipel. La haute juridiction avait imposé à l’État plusieurs consignes, comme celle de doter les bureaux des ressources nécessaires pour traiter les demandes d’asile dans un délai raisonnable. En cas de non-respect des consignes dans un délai de 15 jours, la Cour suprême avait menacé d’imposer des "mesures coercitives" comme des amendes ou des poursuites pénales contre les agents de l’État.
Lors d’une session parlementaire régionale mardi, Fernando Clavijo a averti que le rythme "insuffisant" des transferts de mineurs maintient les Canaries au bord de l’effondrement, alors que les arrivées de migrants continuent dans l’archipel.
Premiers transferts en août
Du côté du gouvernement central, on estime que l’État respecte les mesures de précaution de la Cour suprême et son engagement à répondre à la "surpopulation dans les centres d’accueils des îles Canaries". Selon un rapport du secrétaire d’État aux Migrations, 315 mineurs ont été retirés du dispositif d’hébergement de l’archipel pour les orienter vers des structures publiques. Mais l’ensemble d’entre eux n’a pas encore été transféré vers la péninsule - ce qui explique l’écart avec les chiffres des autorités canariennes. (...)
Le secrétaire d’État aux Migrations a par ailleurs annoncé qu’en octobre, Madrid prévoit d’envoyer 120 mineurs isolés vers le continent, portant à 500 le nombre total de jeunes transférés depuis le début des opérations.
Le premier transfert de mineurs a été opéré début août : il concernait neuf mineurs maliens et un sénégalais. (...)
Cette saturation entraîne une détérioration des soins de santé, indispensables aux jeunes après des jours passés dans l’océan Atlantique, sans eau ni nourriture en quantité suffisante. Les services de santé se disait d’ailleurs "complètement dépassés", confiait le pédiatre Abián Montesdeoca au média Cadena Ser en octobre. "Il est triste de voir qu’un pays avec un niveau de développement comme le nôtre n’est pas capable de soigner […] ces mineurs".