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L’accord de la COP28 n’inquiète pas les compagnies pétrolières
#cop28 #Dubaï #capitalisme #energiesfossiles #OPEP
Article mis en ligne le 19 décembre 2023
dernière modification le 17 décembre 2023

Un accord mentionnant la « transition hors des énergies fossiles » a été adopté à la COP28. Mais il n’inquiète guère les producteurs de pétrole, dont l’activité ne va pas être affectée à court terme.

Le pied de nez résume bien l’état d’esprit de l’industrie pétrolière. Mercredi 13 décembre, un accord présenté par certains comme historique était adopté à la COP28, mentionnant pour la première fois la nécessité de sortir des énergies fossiles. Le jour même, l’Organisation des pays producteurs de pétrole (Opep) annonçait ses prévisions de « croissance saine » pour la demande mondiale de pétrole en 2024. On devrait consommer l’an prochain, selon le cartel pétrolier, plus de 104 millions de barils par jour, contre 102 millions en 2023.

De quoi interroger la portée réelle du texte adopté par l’ensemble des États de la planète à Dubaï. La nécessité affirmée noir sur blanc d’« opérer une transition hors des combustibles fossiles dans les systèmes énergétiques » aura-t-elle la moindre influence sur le comportement des producteurs d’énergie fossile ?

Des engagements indolores pour l’industrie (...)

« Nous sommes passés des termes “sortir de” à ceux de “transitionner hors”, ce qui laisse une part très importante de flou. De même le terme d’“énergies fossiles”, très global, permet à chaque acteur de renvoyer la responsabilité à ses voisins », commente Emmanuel Hache, économiste-prospectiviste à l’IFP Énergies nouvelles.

Surtout, le texte n’a aucune portée juridique contraignante, et laisse toute latitude à chaque État de l’interpréter comme bon lui semble. (...)

Le cours de l’action de TotalÉnergies se porte à merveille

Non contraignant, l’accord enrobé de flou et d’ambiguïtés obtenu à Dubaï risque d’être peu incitatif. En témoigne le cours des actions en bourse de TotalÉnergies, qui se portait à merveille au lendemain de la COP28. (...)

Il est donc à craindre que la dynamique observée ces dernières années se poursuive en 2024. Alors que, dès 2021, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) recommandait de n’investir dans aucun nouveau projet pétrolier ou gazier pour espérer limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C, les choix financiers prennent le chemin opposé. Les investissements pétroliers ont encore augmenté de 30 % en deux ans (...)

Du côté des banques, le soutien aux majors des énergies fossiles ne semble pas non plus parti pour se tarir. Une enquête menée par une dizaine de médias européens a révélé en septembre comment les banques européennes jouent un rôle de premier plan pour financer l’industrie fossile (...)

En France, Crédit agricole, BNP Paribas, Société générale et, dans une moindre mesure, Natixis feraient partie des acteurs européens les plus zélés dans la mise en place de cette stratégie.

Cela permet à des acteurs majeurs, comme BNP Paribas ou la Société générale, d’afficher leur engagement vertueux de ne plus financer directement aucun nouveau projet pétrolier ou gazier, tout en continuant à alimenter les multinationales qui développent ces projets. (...)

« Il n’y aura pas de changement concret sans outil juridique » (...)