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L’Allemagne veut accélérer les expulsions vers la Grèce, qui s’y s’oppose catégoriquement
#Allemagne #Grece #UE #immigration #migrants #expulsions
Article mis en ligne le 11 juin 2025
dernière modification le 10 juin 2025

Berlin souhaite accélérer les expulsions vers Athènes de milliers de demandeurs d’asile, passés par la Grèce et actuellement en Allemagne. Mais le gouvernement hellénique s’y oppose catégoriquement. En vertu du règlement Dublin, les demandeurs d’asile ne peuvent pas "déplacer" leur dossier dans l’Union européenne, ils sont attachés au premier pays d’entrée du Vieux continent. (...)

En théorie, les deux gouvernements conservateurs partagent la même détermination à mettre fin à l’immigration irrégulière en Europe. (...)

Tous deux ont nommé des défenseurs d’une ligne dure aux postes en charge de la migration. (...)

La Grèce, destination de transit

Sur le terrain, cependant, les deux pays ont des intérêts très différents. La Grèce se trouve à la frontière extérieure de l’Union européenne (UE). C’est une porte d’entrée de l’UE pour les migrants qui rêvent d’une vie meilleure dans les pays du nord et de l’ouest de l’Europe. Ainsi, de nombreux demandeurs d’asile déjà enregistrés ou reconnus réfugiés statutaires en Grèce poursuivent ensuite leur voyage vers l’Allemagne, la France ou les pays scandinaves. (...)

Il existe désormais une base juridique pour "aider" le gouvernement allemand puisque la cour administrative fédérale de Leipzig, la plus haute juridiction allemande, a statué, en avril, sur ces expulsions. Sa conclusion : ces renvois sont possible puisque les migrants concernés ne font pas face à des difficultés extrêmes en Grèce. Le président du tribunal, Robert Keller, a déclaré que le critère d’évaluation a été de savoir si les migrants avaient accès à "du pain, un lit et du savon".

Des milliers de personnes concernées

Depuis cette décision, l’Allemagne pourrait, en théorie, renvoyer plusieurs milliers de demandeurs d’asile en Grèce, en particulier des jeunes hommes en bonne santé et voyageant seuls. Mais Athènes fulmine. "Quels retours ? Cela remet en cause le principe de répartition équitable dans le cadre de la solidarité européenne", a déclaré le 25 avril le ministre grec des Migrations (...)

Auparavant, la route migratoire méditerranéenne partait effectivement de l’ouest de la Libye pour rejoindre l’île italienne de Lampedusa. Désormais, une nouvelle route s’est ouverte, elle relie Tobrouk, dans l’est de la Libye, à l’île grecque de Crète.

Or, l’est de la Libye n’est pas contrôlé par le gouvernement de Tripoli reconnu par l’ONU. Cette partie du pays est aux mains du maréchal Khalifa Haftar et de nombreuses milices. Makis Voridis a certes annoncé son intention de se rendre prochainement dans le pays, mais il n’a actuellement aucun interlocuteur, ni le budget nécessaire pour convaincre toutes les milices du pays de fermer la route entre Tobrouk et la Crète.

Les Grecs espèrent néanmoins passer un accord avec la Libye, similaire à celui que l’Italie a signé avec le gouvernement de Tripoli en 2017. En vertu de cet accord, les gardes-côtes libyens sont chargés de stopper les embarcations de migrants en Méditerranée, en échange d’une aide financière italienne. Ces interceptions ont été maintes fois dénoncées par les ONG, rapportant des faits de violences sur les exilés, et des intimidations envers les humanitaires opérant des sauvetages en mer.