
L’ONG allemande Sea Watch a indiqué avoir porté secours à deux embarcations en Méditerranée. À bord : pas moins de 100 personnes exilées. L’équipage, qui fait actuellement route vers un port sicilien, déplore la dangerosité de cette mer, moins d’une semaine après le naufrage de Lampedusa qui a coûté la vie à au moins 27 personnes.
(...) "Voyages mortels"
"Il pourrait être si simple d’assurer un passage sûr, mais au lieu de cela, l’UE crée des voyages mortels pour les personnes fuyant vers la sécurité", a déploré l’ONG sur son compte X. Au moins 27 personnes sont mortes, mercredi 13 août, après le naufrage de deux bateaux de migrants au large de l’île de Lampedusa, dans le sud de l’Italie. Parmi les corps retrouvés : ceux d’un nouveau-né et de trois adolescents (deux garçons et une fille).
"Plus de 700 réfugiés et migrants sont morts en 2025 en Méditerranée centrale", a rappelé le chef du Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés, Filippo Grandi. (...)
Malgré ces naufrages et situations de détresse, le 8 août, l’Italie a immobilisé pour la première fois un avion de surveillance en Méditerranée d’une ONG. Le Seabird 1, l’avion de Sea-Watch, s’est en effet vu refuser l’autorisation de voler pendant vingt jours par l’autorité aéronautique ENAC (Agence nationale de l’aviation civile).
Dans un communiqué parvenu à l’AFP, l’ENAC a indiqué que cette décision a été prise à la suite de nombreux signalements de la part des garde-côtes italiens. Selon l’ENAC, le pilote du Seabird 1 n’a pas averti les autorités italiennes en priorité d’une situation d’urgence en mer. L’autorité aéronautique a insisté sur le fait que cette décision était un "acte nécessaire et non un choix discrétionnaire".
"Il est évident qu’il s’agit d’un prétexte pour se débarrasser de nous en tant que témoins de la situation en Méditerranée", avait réagi dans un communiqué Laura Meschede, porte-parole de Sea-Watch. Les navires utilisés par les ONG de secours aux migrants sont régulièrement immobilisés par les autorités italiennes sous divers prétextes. Le décret Piantedosi entré en vigueur début 2023 oblige par exemple les ONG à se rendre "sans délai" au port de débarquement assigné par les autorités italiennes juste après un premier sauvetage, les obligeant à quitter la mer, sous peine d’immobilisation du bateau.
"Un dilemme clair se pose alors : se conformer pleinement aux dispositions du décret et éviter les sanctions administratives ou sauver des vies", avait alors estimé SOS Méditerranée. Selon Sea-Watch, c’est la première fois qu’un avion est concerné par ce type de sanctions d’immobilisation.