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Royaume-Uni : les défaillances se multiplient dans un système d’asile débordé
#RoyaumeUni #migrants #migrantes #immigration #asile #hebergement
Article mis en ligne le 21 novembre 2024
dernière modification le 19 novembre 2024

Débordé par des demandes d’asile qui s’accumulent et des migrants qui arrivent chaque jour par la Manche, le système d’asile au Royaume subit de multiples défaillances, alertent plusieurs associations.

Le Royaume-Uni fait face à une situation "d’urgence". Selon le réseau "No Accomodation" ("Pas de logement ", en français), le nombre de réfugiés sans-abri dans le pays a explosé jusqu’à atteindre le "chiffre le plus élevé jamais enregistré". Le collectif, qui regroupe plus d’une centaine d’organisations, a dû aider 1 941 réfugiés entre avril 2023 et mars 2024, contre 977 un an plus tôt, indique-t-il dans son rapport annuel publié jeudi 14 novembre.

Ainsi, la proportion de réfugiés parmi les personnes prises en charge par le réseau est passée de 26 % à 47 % en un an. Selon les associations, cette hausse est la conséquence des "politiques hostiles du [précédent] gouvernement en matière d’asile et d’immigration" qui "laissent des milliers de réfugiés et de migrants sans endroit sûr et stable où vivre". (...)

Elles dénoncent notamment une réforme prise durant l’été 2023 qui ne laisse que 28 jours aux personnes ayant obtenu le statut de réfugié pour quitter le logement mis à leur disposition, voire seulement sept dans certains cas, contre 56 auparavant. Une réforme qui a pour but de faire de la place dans les structures d’accueil de l’État, reproche le collectif qui critique "la volonté du précédent gouvernement conservateur de résorber l’arriéré" de demandes d’asile dans un système déjà débordé. "Des milliers de personnes sont poussées chaque année inutilement vers la misère et le sans-abrisme dans leur parcours à travers le système d’asile et d’immigration, regrette Bridget Young, directrice de No Accomodation. Il est urgent de changer le système pour s’assurer que le nombre de sans-abri ne continue pas d’augmenter", argue-t-elle. (...)

Des demandeuses d’asile "abandonnées à leur sort"

Les demandeurs d’asile peuvent d’ailleurs ressentir les conséquences de cette surcharge dès leur arrivée dans les centres d’hébergement. Et selon un rapport publié la semaine dernière par les associations caritatives RapeCrisis England and Wales (RCEW) et Imkaan, c’est pour les femmes qu’elles sont les plus lourdes. Les organisations racontent que des femmes victimes de violences sexuelles dans leur pays ou durant leur parcours migratoire se retrouvent à partager des logements mixtes, y compris des chambres, avec des hommes qu’elles ne connaissent pas. Et tout cela dans des conditions de vie médiocres et sans aucun soutien. Elles sont « abandonnées à leur sort », tancent les associations.

Un douloureux constat étayé par de multiples témoignages. (...)

Toujours selon le rapport, certaines demandeuses d’asile ont été victimes d’intimidation, de harcèlement, de racisme ou encore de violences et d’abus de la part de personnels, d’autres habitants ou encore de personnes extérieures qui ciblent cette population déjà vulnérable.
(...)

Autre conséquence des conditions de vies difficiles : le nombre de décès, notamment de suicides, de demandeurs d’asile pris en charge par l’État a augmenté. (...)

Interrogé sur ces multiples défaillances, le gouvernement a déclaré avoir "hérité d’énormes pressions dans le système d’asile". "Nous travaillons pour garantir que les individus bénéficient du soutien dont ils ont besoin après une décision d’asile et pour aider les autorités locales à mieux planifier leur assistance aux sans-abri", a ajouté un porte-parole du gouvernement. Et sur la question des femmes, un porte-parole du ministère de l’Intérieur a dit que le gouvernement s’engageait "à mettre en place un processus d’asile qui tienne compte de la dimension de genre, en [s’appuyant] sur la stratégie gouvernementale plus large visant à lutter contre la violence à l’égard des femmes et des filles".