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Petit Billet
" Mille milliards de mille traders !!!…"
Lionel de Cahors Semaine 02-10
Article mis en ligne le 24 janvier 2010

L’économie mondiale continue d’être en pleine débâcle, la récession n’en finit pas - les britanniques en sont à leur sixième trimestre consécutif (sauf chez nous !) *, le chômage explose (même chez nous !…), mais les banquiers se réservent tout de même un joli pactole, en augmentation de 50 % sur l’année précédente !

Rien que les traders de la place de Paris (environ 300), toucheront entre 900 millions et un milliard d’euros de bonus en 2010 !
Comme aurait dit notre brave journaliste scientifique Michel Chevalet :
" Comment ça marche ? " . Et bien pas mal du tout pour eux ! Merci.

Cependant derrière cette satisfaction financière, il y a tout de même quelques questions indiscrètes, que les nombreux naïfs que nous sommes se posent.
En effet, pour qu’une banque comme BNP Paribas, puisse distribuer un milliard d’euros de commissions à ses traders en plus de leur salaire, combien faut-il qu’elle fasse de bénéfices ? Jusque mi-novembre, on ne savait pas, et personne ou presque, ne l’avait demandé…
Maintenant nous savons : en neuf mois, ladite banque a gagné 82 milliards d’euros !!!

Mais alors, comment gagner une somme aussi gigantesque, si rapidement, qui plus est dans ces temps de crises ? Tout "simplement" par la spéculation financière, en achetant à bas prix des actions pour les revendre beaucoup plus cher !

En conséquence, le gouvernement qui a acheté 5,1 milliards d’actions émises par BNP, soit plus de 20% du capital de cette banque – elle vaut aujourd’hui moins de 20 milliards d’euros –, doit en être le riche patron maintenant ?
Pas du tout, car curieusement, les actions acquises par l’État ne lui donneront aucun droit de vote, même s’il devient – et de très loin – son premier actionnaire ! De plus, les banques ayant remboursé les 12,7 milliards d’euros d’aide publique, l’État ne touchera que 713 millions d’intérêts. Moins que les bonus des traders parisiens…

Cette histoire déjà suffisamment scandaleuse, aurait pu s’arrêter là. Pas du tout !

Et le Canard Enchaîné du 28 octobre de nous apprendre que pour transformer ces bonus en cadeaux fiscaux, une géniale astuce existe. Elle porte le nom de carried interest.
Au lieu de recevoir un classique bonus, les traders se voient attribuer des parts du fond dont ils ont la charge, à des prix dérisoires. Ces parts leur donnent droit à une augmentation de 20% de leur valeur, ce qui les remet pratiquement au niveau du bonus classique.
Mais grâce à leur statut particulier, ces parts ne sont pas assujetties aux retenues fiscales et sociales, et sont devenues des valeurs mobilières dont les plus-values sont taxées de 30% tout compris. Le gain est ainsi près de trois fois supérieur à celui d’un bonus ordinaire !

Et comme aurait dit le Capitaine Cradoc au Commandant Couchetot : mille milliards de mille traders ! On n’a pas de pétrole…

Lionel de Cahors
Semaine 02-10

* Voir Petit Billet 49-08 : L’Europe en récession, sauf la France !