
Jusqu’ici détenu en métropole depuis les violences déclenchées par la réforme du corps électoral en Nouvelle-Calédonie en 2024, le leader indépendantiste kanak Christian Tein a été libéré jeudi par la cour d’appel de Paris.
(...) Les trois juges d’instruction du tribunal de Paris, chargés des investigations, avaient ordonné le 3 juin la remise en liberté sous contrôle judiciaire du militant de 57 ans. Mais le parquet s’y était opposé, estimant que Christian Tein avait joué un rôle central dans les émeutes qui ont éclaté le 13 mai 2024 en Nouvelle-Calédonie, faisant 14 morts, dont deux gendarmes, et plus de 2 milliards d’euros de dégâts. (...)
Christian Tein, qui comparaissait en visioconférence depuis le centre pénitentiaire de Mulhouse-Lutterbach (Haut-Rhin), s’est engagé à "répondre aux convocations de la justice" et à vivre chez sa compagne en Alsace.
Placé sous contrôle judiciaire, il a interdiction de se rendre en Nouvelle-Calédonie et d’entrer en contact avec d’autres protagonistes du dossier.
Élu en août 2024 président du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), le leader indépendantiste a toujours nié avoir appelé à commettre des violences et se présente comme un "prisonnier politique".
Il est le chef de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), une organisation que la justice soupçonne d’être derrière les émeutes qui ont éclaté le 13 mai 2024 en Nouvelle-Calédonie, faisant 14 morts, dont deux gendarmes, et plus de deux milliards d’euros de dégâts. (...)
Pour le deuxième avocat de Christian Tein, Me Florian Medico, au contraire "le dossier est vide" et les trois magistrats instructeurs ont pris la "décision unanime" de le remettre en liberté.
"On ne reproche à Christian Tein que des discours politiques, militants. Il n’a jamais, jamais appelé à prendre les armes, à la violence, à porter atteinte aux intérêts de l’État", a assuré Me Medico.
L’analyse de son téléphone portable n’a révélé aucun "appel à des rassemblements armées, à des violences", seulement des documents politiques, selon le conseil.
"Boucs émissaires"
"Christian Tein et le FLNKS ont toujours appelé au calme, cherché à maitriser une mobilisation qui les ont dépassés", a-t-il ajouté.
Pour Me Medico, les troubles en Nouvelle-Calédonie étaient le "signe d’une détresse sociale" pour lesquels "on cherche des boucs émissaires". (...)
La cour d’appel a également remis en liberté trois autres militants indépendantistes incarcérés dans l’Hexagone, Dimitri Qenegei, Guillaume Vama, Erwan Waetheane, et confirmé celle d’un quatrième, Steeve Unë.
Au cours de l’audience, des militants et des avocats ont évoqué les conditions de leur transfert en avion vers l’Hexagone après leur mise en examen.
"Pendant trente heures, notre dignité a été mise plus bas que terre", a dénoncé, visiblement encore affecté, Steeve Unë, qui comparaissait libre. (...)